E3C : bac local, bac bancal

mercredi 18 décembre 2019
par  Antonin Pennetier

Les épreuves communes de contrôle continu (E3C) et les banques de sujets liées sont une des usines à gaz de la réforme du lycée. Prévues pour tenter de dissimuler le passage d’un bac national à un bac local ayant une importante part de contrôle continu elles mettent plutôt en exergue les différences entre les établissements. Elles contribuent aussi à accentuer les pressions sur les collègues, la pression des élèves qui sont en situation de stress permanent et la pression des notes qui alimenteront implicitement la concurrence entre les disciplines (spécialités) et les établissements.

L’an passé les banques de sujets devaient être publiques et prêtes avant novembre, dès le mois de juillet nous avons su qu’elles ne seraient pas publiques cette année, nous avons ensuite appris qu’elles ouvriraient au début du mois de décembre, ouverture repoussée d’une semaine et cependant la banque n’est pas encore prête pour la deuxième session prévue en avril ou mai.

La banque s’est ouverte au cœur d’un mouvement social historique, cela laisse environ 4 semaines (hors congés scolaires) avant les épreuves, les délais sont insuffisants pour que les équipes prennent connaissance des sujets et en choisissent des convenables, des équipes se sont déjà positionnées pour le boycott des E3C au mois de janvier dans leur établissement et le SNPDEN s’inquiète auprès du ministère des défaillance techniques remettant en cause la bonne tenue E3C. D’autant plus lorsque les sujets proposés sont peu variés et inadaptés (à la progression choisie ou au niveau des élèves de première) : le bac Blanquer qui devait mettre fin au bachotage semble bien au contraire vouloir en faire la promotion dans ses modes d’évaluation.

Les élèves passeront leurs E3C dans des conditions qui varieront, parfois fortement, d’un établissement à l’autre. Entre les établissement où ils seront 35 par classe sous la surveillance d’un seul professeur et les établissement où ils seront un par table sur des heures dédiées et sous la surveillance de deux professeurs il est difficile de considérer qu’il s’agit là du même examen.

Les conditions de correction posent aussi questions. Selon les établissements (voire les disciplines) la correction pourra être réalisé par des collègues de l’établissement ou pas : la seule limite est qu’il n’est normalement pas possible de corriger ses propres élèves. Il est aussi difficile de s’y retrouver entre des informations contradictoires : d’un côté des IPR conseillent une correction minimaliste (comme pour le baccalauréat actuel) afin de ne pas s’exposer aux recours et de l’autre côté le ministère demande d’utiliser ces évaluations certificatives comme des évaluations formatives. D’autre part en terme de conditions de travail de nombreuses questions se posent. Faudra-t-il faire la lecture des écritures manuscrites sur un écran ou faudra-t-il imprimer les copies qui auront été préalablement scannées (simplifions !). Faut-il corriger avec notre équipement personnel (donc à nos frais) des copies pour une indemnité annoncée de 50€ par groupe, bien loin du prix d’une copie de baccalauréat dans les textes officiels (5€ par copie) ?
C’est un travail d’évaluation supplémentaire pour les collègues qui ne sont pas déchargés de cours pour corriger et qui ne peuvent pas utiliser ces notes dans les bulletins trimestriels. Ce travail doit être rémunéré correctement et être réalisé dans de bonnes conditions.

Pour toutes ces raisons, dont le nombre va croissant à mesure que l’échéance approche, nous continuons à demander la suspension de la session de janvier et la transformation de la seconde session en épreuves nationales au mois de juin. De plus, le paiement de la correction des copies doit se faire selon les textes en vigueur pour le baccalauréat. Le SNES-FSU appelle à définir collectivement les modalités d’action les plus adaptées à chaque situation : refus de choisir les sujets d’E3C, refus de surveiller les épreuves, refus de corriger les épreuves.