Edito

mercredi 2 janvier 2013
par  Emmanuelle Kraemer

Projet de loi Peillon : les roulades d’un ministre…

« Pour le spectateur citoyen, les paroles d’un ministre sont comme les roulades d’un ténor », disait le philosophe Alain.

Dans son «  Projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école  », le ministre Vincent Peillon en déploie quelques-unes : une « promesse républicaine de la réussite éducative » permettra de « rebâtir une école à la fois juste pour tous et exigeante pour chacun », nous assure-t-il.

Mais qu’en est-il de la partition réelle qui se joue, pour les élèves du Second degré, à travers les orientations énoncées ? Un socle commun à maîtriser, « principe organisateur de l’enseignement obligatoire », distinct des programmes, avec son Livret personnel de compétences simplifié pour sa validation ; un collège accroché au primaire par le cycle CM2/6e et un « conseil école-collège chargé de proposer les actions de coopération et d’échange » ; un lycée « très coûteux », pour lequel « des évolutions substantielles seront menées à partir de... 2014 », et qui doit « ouvrir ses locaux et équipements scolaires, en dehors du temps de formation », à « des entreprises ou des organismes de formation » ; une carte des formations répondant « aux besoins des territoires, dans le cadre d’un partenariat renforcé entre État et régions » ; une éducation prioritaire renvoyée aux aléas d’une future politique de la Ville - sans précision sur le devenir des établissements ECLAIR - ; un développement « impératif  » du numérique…

Bref, des refrains déjà entendus, sur l’air néolibéral des « engagements européens » qui nous avaient valu la sortie de la loi Fillon en 2005.

Côté personnels, on cherche en vain une quelconque promesse de revalorisation, qui serait pourtant indispensable pour stopper la crise de recrutement. Les emplois nouveaux d’enseignants, programmés sur 5 ans, s’élèvent, pour le Second degré public et privé, à 7000 postes, soit une moyenne de 47 postes par an et par académie. Pour rappel, dans la seule académie d’Orléans-Tours, la rentrée 2012 s’est faite avec 1383 élèves en plus par rapport à 2011, et... 241 postes d’enseignants en moins. Les CO-PSY, quant à eux, disparaissent du tableau de programmation ; l’avenir de ce corps n’est donc plus assuré au sein de l’Éducation nationale. Les IUFM sont remplacés par des ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation), mais leur création soulève déjà de graves questions en matière de compétences, de fonctionnement et de contenus, et ne s’accompagne pas des pré-recrutements attendus.

Pour le SNES-FSU Orléans-Tours, ce projet ne répond pas aux besoins exprimés par la communauté éducative du Second degré : la démocratisation des collèges et lycées signifie l’accès de tous les élèves à une culture commune déclinée en programmes réalisables, des conditions d’études améliorées et diversifiées pour les accompagner dans cette ambition, et des personnels mieux formés, mieux payés, aux qualifications et missions reconnues et respectées. Tout cela reste à conquérir par nos mobilisations, pour que les belles roulades de notre ministre ne débouchent pas sur une vaste cacophonie de notre système éducatif.