Quel avenir pour la voie technologique ?

lundi 17 décembre 2007
par  Michèle Martin

C’est le thème du stage académique organisé par le SNES le 30 novembre dernier et animé par un représentant du SNES national. Nous y avons fait le point sur les projets ministériels concernant la voie technologique et la voie professionnelle, sur les menaces qui planent et sur les moyens d’action dont nous disposons pour les combattre.

Si, à partir des années 80, la proportion de jeunes poursuivant leurs études jusqu’au baccalauréat a considérablement augmenté, il est indéniable que la voie technologique, ainsi que la voie professionnelle (créée en 1985) y ont largement contribué. Ces nouvelles séries ont permis à de nouveaux publics l’accès au niveau baccalauréat sans remettre en cause les séries existantes. Le maintien et même le développement de ces trois voies de formation (générale, technologique et professionnelle) est indispensable pour atteindre l’objectif de 80% d’une classe d’âge au niveau bac (légèrement supérieur à 60% actuellement).

Or ce taux d’accès stagne depuis plusieurs années et la voie technologique perd régulièrement des effectifs, en particulier dans les séries industrielles et de laboratoire. Pour subsister et se développer, la voie technologique doit s’affirmer comme voie spécifique de réussite, avec ses contenus et ses pratiques pédagogiques propres. Son développement est nécessaire pour faire face aux besoins de formation et d’élévation des qualifications des jeunes.

Il faut également que les voies technologiques et professionnelles trouvent les moyens de se développer en complémentarité et non en concurrence.
C’est pourquoi une réforme de la voie technologique est indispensable. Cette réforme est effective pour les séries médico-sociales et tertiaires.

En 2005, un projet existe pour les séries industrielles et de laboratoire, projet qui a été soumis à la concertation des personnels.
Le SNES a fait des propositions pour modifier ce projet et conserver une réelle diversification des séries industrielles et de laboratoire. Malheureusement, le projet est gelé et la mise en œuvre de la réforme sans cesse retardée. Après 2007, 2008, 2009, ….. Va-t-elle vraiment voir le jour ?

Qu’attend le Ministère ?
Les réductions horaires prévues dans ce projet seraient elles insuffisantes au vu des suppressions de postes programmées ? On sait que le Ministre doit faire des annonces concernant le lycée en janvier prochain. Allons-nous alors découvrir un nouveau projet plus « économique » ? Nous n’avons à ce jour aucune information mais le risque est grand de voir se transformer certaines spécialités en voie générale avec colorations technologiques, alors que d’autres « plus pointues » deviendraient des bacs professionnels.

Si cela était, ce serait à terme, la marginalisation, voire la disparition de la voie technologique qui serait ainsi programmée.

Si rien ne filtre actuellement sur ce sujet, le Ministère s’occupe de la voie professionnelle. En effet, une circulaire envoyée aux Recteurs en Octobre, prévoit la généralisation du bac professionnel en 3 ans (au lieu de 4 actuellement : 2ans pour le BEP suivis de 2ans pour le bac pro). Dans le même temps, la plupart des BEP disparaitraient pour laisser place à une certification (ce qui n’est pas un diplôme) en cours d’étude.
Cette décision a de graves conséquences pour tous
 À l’issue de la 3e, quel choix pour les élèves en difficulté pour lesquels le BEP pouvait constituer une voie de réussite ? Il y a risque d’augmentation des sorties sans qualification du système éducatif.
 Le passage de la voie professionnelle à la voie technologique par le biais de la 1re d’adaptation disparaît.
 Les exigences de ce bac pro en 3 ans vont être augmentées : il y a risque d’échec pour les élèves les plus fragiles. D’autre part, ne va-t-on pas assister à un transfert d’élèves qui choisissaient la voie technologique et qui y réussissaient, vers la voie professionnelle ?
 On sait que la poursuite d’études en BTS ou IUT est beaucoup plus difficile pour un titulaire de bac pro, que pour un titulaire de bac technologique. En réduisant de 4 à 3 ans le nombre d’années nécessaires à l’obtention du baccalauréat, comment peut on espérer une meilleure réussite des élèves au BTS et au DUT ?
 Pour les personnels, évidemment, ce sont des suppressions de postes en LP et en lycée. Mais n’est ce pas l’objectif premier recherché par le Ministère ?

Ces directives sont à relier aux prochaines annonces ministérielles sur le lycée et à replacer dans le contexte de diminution drastique de personnels. Pour la voie technologique en particulier, le pire est à craindre.
C’est pourquoi nous devons agir pour obtenir l’annulation de cette circulaire.

Les syndicats de la FSU du 2nd degré (SNES, SNEP, et SNUEP) de l’académie ont demandé au Recteur la tenue d’un groupe de travail sur cette question. (Réponse du Recteur : réunion d’information le 18 décembre). Ils ont également demandé (avec le SNETAP, syndicat de la FSU pour l’enseignement agricole) une audience au Président de la Région (qui a les compétences pour la formation professionnelle).

Il est indispensable d’informer tous les collègues (des réunions seront faites dans des lycées). Ces mesures ne concernent pas que les personnels : il faut également informer les parents, et l’opinion publique en général. Il n’y a pas de temps à perdre !

Pour les collègues qui le souhaitent, la section académique peut animer ou prendre part à des réunions ou des débats sur ce sujet. N’hésitez pas à nous contacter