AED et HSE : abus en vus !

mardi 22 février 2022

Depuis le 1er janvier 2022 et l’application du décret n°2021-1651 du 15 décembre 2021, nous – les assistant·es d’éducation – pouvons effectuer des HSE (heures supplémentaires effectives), cela au taux horaire de 13,11€ selon l’arrêté du 15 décembre 2021.

Non à l’exploitation des AED et à l’éducation low-cost !

Si le décret ne fixe pas les missions auxquelles seront dévolues ces HSE, on sait néanmoins qu’elles seront consacrées à tout type d’accompagnement, pédagogique surtout, mais aussi … d’orientation.
Ce nouveau décret n’est qu’une manœuvre à bas coût pour ne pas avoir à recruter de nouveaux professeur·es et Psy E.N. en les faisant remplacer par des AED, et participe dangereusement à l’élaboration d’une éducation « low cost » en confiant des tâches indispensables à des membres du personnel, certes très compétent·es dans l’exercice de leur métier, mais lequel n’est justement pas celui-là !
Depuis le 1er décembre 2020, de nombreux AED ont affirmé, par les grèves et les manifestations, leur volonté de voir notre travail quotidien pleinement reconnu. Est-ce le reconnaître que de nous affubler de nouvelles missions appartenant aux prérogatives des enseignants et des Psy E.N ?
C’est au contraire du mépris ! Notre travail accompli au jour le jour dans nos établissements n’est-il pas assez important pour que l’on nous ajoute de nouvelles tâches, lesquelles, par ailleurs, sont hors de notre statut ?

Parce que le SNES-FSU refuse catégoriquement que les AED ne soient considéré·es avec mépris que comme de simples « variables d’ajustement », il exige :

  • Le recrutement massif de professeur·es et de Psy E.N., et la titularisation des enseignant·es contractuel·les.

Une seule façon d’augmenter le pouvoir d’achat : la revalorisation salariale !

À propos de la rémunération des HSE, lors de la deuxième séance publique du 25 octobre 2021 consacrée au projet de loi finance 2022, le ministre de l’Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer se félicitait du fait que les HSE permettrait selon lui d’améliorer le pouvoir d’achat des AED. À noter que c’est par cet argument - on cherchera encore le rapport - que le ministère a refusé l’amendement accordant les primes REP et REP+ aux AED travaillant dans les établissements appartenant à ces dispositifs, amendement par ailleurs proposé par Madame Cécile Rilhac, députée appartenant pourtant à la majorité.
Cette autocongratulation du Ministre tient au mieux de la méconnaissance totale des conditions d’existence quotidienne des travailleurs précaires, au pire de leur mépris. Comme le souligne le numéro 814 de l’Université syndicaliste, une rémunération horaire de 13,11€ est totalement insuffisante et ne saurait constituer aucune « amélioration du pouvoir d’achat ». De plus, lorsque l’on travaille 41 heures par semaine avec du travail de nuit pour les AED en internat, on est en droit d’attendre un pouvoir d’achat suffisant sans avoir à effectuer des heures supplémentaires !
Combien de temps attendent-ils que nous travaillions par semaine pour que nous soyons assurés d’une rémunération permettant de vivre dignement ?

Si le désir du ministre est l’amélioration du pouvoir d’achat des AED, le SNES-FSU a la solution :

  • Augmentation salariale pour que le niveau de rémunération corresponde à la catégorie B de la fonction publique !
  • Prime REP et REP+ pour les AED travaillant dans les établissements appartenant à ces dispositifs !

Gare aux dérives !

Par l’article 1, Le décret stipule donc bien que les HSE ne peuvent se faire que sur la base du volontariat. Malgré cette précision, nous ne sommes malheureusement pas à l’abri de dérives, c’est-à-dire que nous nous voyons obligé·es d’effectuer des HSE indépendamment de notre propre volonté.
La raison en est simple : le libre-arbitre est un luxe que les travailleur·euses précaires ne peuvent se permettre !

Rappelons en effet que les chef·fes d’établissement sont nos employeur·euses directs et peuvent décider de ne pas nous reconduire sans que cette décision ne soit justifiée par une raison précise. Ils et elles peuvent, en fin d’année, décider de mettre fin au contrat d’un·e collègue qui, pourtant en accord avec le décret, n’a pas voulu effectuer de HSE.
Surtout, il est tout à fait possible de mettre une réelle pression au non-renouvellement, en faisant comprendre cette possibilité.

C’est exactement pour éviter ce genre de dérives managériales que le SNES-FSU :

  • Exige, au niveau national, que le recrutement des AED ne soit plus directement effectué par les chef·fes d’établissement mais par le rectorat.
  • Veille, au niveau local et avec la plus grande vigilance, à ce que soient respectées la liberté et la volonté de chaque AED, protégeant ceux et celles qui subissent des abus de la hiérarchie.

Il semblerait que dans les informations traitant des HSE envoyées par la DSDEN du 45 aux établissements du Loiret, il n’a pas été clairement expliqué que le fait d’effectuer des HSE est, avant toute chose, un choix des AED. Il n’est pas question de dire ici que cette omission est intentionnelle, mais ce manque de clarté pourrait faire penser aux chef·fes d’établissements qu’ils ou elles peuvent obliger les AED à faire des HSE.
Le SNES-FSU interviendra auprès du Rectorat pour demander que soit rappeler les termes du décret, et se tient prêt pour défendre tous et toutes les AED qui leur auraient fait remonter des situations litigieuses concernant les HSE !

C’est pour toutes ces raisons que le SNES-FSU avait refusé ce texte au CTMEN du 9 novembre 2021 – ainsi que l’ont fait, à l’unanimité, tous les autres syndicats y siégeant – et avait refusé de se rendre à celui du 19 du même mois, voyant que le texte avait été inchangé malgré les demandes syndicales, ce qui par ailleurs en dit long de la conception ministérielle du « dialogue social », concept auquel il se réfère pourtant à chaque occasion …

Maintenant et plus que jamais, le SNES-FSU a besoin que les AED se syndicalisent afin que l’on puisse inverser le rapport de force et imposer nos revendications pour une amélioration véritable des conditions de travail et d’existence des collègues !


Guillaume Corneille et Alexandre de Carvalho, AED à la section académique.


Documents joints

Tract « dérives »
Tract « pouvoir d'achat »
Tract « mépris »