Réforme du lycée et du bac : qui a voté quoi ?

jeudi 25 octobre 2018

Au moment de voter pour l’organisation syndicale de son choix lors des élections professionnelles, un bilan de ce qui a été fait est loin d’être inutile. Le rappel des votes sur la réforme du bac et du lycée éclaire ainsi les conceptions éducatives de chacune des organisations.

Pour le SNES et la FSU, ces réformes du bac et du lycée ne sont pas isolées, mais font bien partie d’un système cohérent de pensée, et non d’une approche « pragmatique et non idéologique » comme se plait à essayer de le faire croire notre ministre. C’est un système de tri social qui est pensé, articulant l’ensemble des filières de formation  : apprentissage (et la volonté forte de le développer), mise à mal de l’enseignement professionnel, réforme du lycée, et réforme de l’accès à l’enseignement supérieur. De la démocratisation à la sélection, histoire d’une régression, c’est ainsi que pourrait s’intituler ce sinistre chapitre Blanquer.

 La volonté de développer l’apprentissage et de casser l’enseignement professionnel par la forte diminution du nombre d’heures de cours en enseignement général fait partie du tout : moins d’élèves dans le système éducation nationale (il faut bien trouver les postes à supprimer). Moins d’heures de cours pour mieux d’heures de cours" selon les déclarations ministérielles, voilà qui engage un programme ambitieux de l’enseignement professionnel, alors qu’apprendre un métier et développer ses aptitudes de futurs citoyen et citoyenne sont au coeur de l’enseignement professionnel.

 Parcoursup, dans l’opacité de ces algorithmes locaux (nous avons demandé ceux de notre académie à la Rectrice, nous attendons toujours), a démontré quel était son véritable objectif. 180000 élèves ont ainsi quitté la plate-forme en cours de route. Quant à ceux qui ont obtenu un voeu, pour combien d’entre eux s’agit-il d’un voeu qu’ils ne souhaitaient pas mais avaient formulé pour ne pas se retrouver sans rien ?

 L’affaire des projets de programme que le SNES a publié, continue dans cette logique. Les programmes proposés sont très lourds, impossibles à suivre pour une partie des élèves. De plus, étant trop fermés pour certains (comme en lettres modernes) et avec des progressions plus rigides qui découleront des épreuves en contrôle continu (qui représente 30 % de la note finale), la liberté pédagogique des collègues se retrouve entravée. Ainsi, il leur sera bien plus difficile de s’adapter au rythme de leurs élèves.
A la lecture de ces projets de programmes, des questions importantes demeurent concernant les collègues qui enseigneront certaines nouvelles disciplines transversales : serait-ce le préambule à l’imposition d’enseigner plusieurs matières et pas uniquement celle dans laquelle les enseignants sont recrutés ? Dans quelles conditions pourra s’enseigner cette nouvelle discipline du tronc commun (sciences numériques et technologie) où, à la lecture du programme, le vivier de collègues bien formés pouvant l’enseigner semble quasi inexistant.
Cette difficulté est accentuée lorsque la réforme institue 30% de la note finale sur des épreuves communes de contrôle continue rendant impossible toute adaptation au rythme pédagogique de la classe.

 La réforme du bac et du lycée est elle aussi celle du tri social et de mise en concurrence des élèves et des établissements, sous couvert de liberté de choix pour les élèves. Officiellement, les élèves pourront choisir leurs spécialités. Sauf qu’il n’est pas garanti de pouvoir les choisir partout, surtout dans les petits lycées en milieu rural. Sauf que les 12h par division et par semaine sont censées financer les dédoublements, les options, l’AP, l’orientation, le tutorat...et qu’il faudra bien faire des choix. Sauf qu’il faudra que les élèves choisissent dès la seconde des enseignements de spécialité qui les engageront non seulement pour leur bac, mais aussi pour leur avenir, puisque les bons choix ou les mauvais leur ouvriront ou leur fermeront les portes de parcoursup...La voie technologique est soi-disant préservée, mais la façon dont elle est réorganisée risque de la rendre beaucoup moins attractive pour les élèves.

Dans les lycées généraux et technologiques comme dans la voie professionnelle, il faut trouver les solutions pour la baisse du nombre de personnels.

Tout ceci est cohérent, c’est bien pour cela que le SNES et la FSU se sont opposés à ces réformes, contrairement à d’autres syndicats.

Voici le résumé des votes :

CSE du 21 mars 2018

1e texte : décret modifiant les dispositions du code de l’éducation propres aux enseignements conduisant au baccalauréat général et technologique.

Vote POUR : 19

UNSA Se-UNSA UNSA-Education SNPDEN SNALC PEEP

2e texte : : décret relatif aux modalités de contrôle continu pour l’évaluation des enseignements.

Vote POUR : 11 :

SNALC SNPDEN PEEP SIEN-UNSA

Vote en abstention : 9

UNSA-Education FCPE

3e texte : relatif aux épreuves anticipées du baccalauréat

Vote POUR : 34

CFDT SE-UNSA UNSA-Education SNPDEN SNALC CFTC

CSE du 12 avril 2018 : réforme du lycée général et technologique.

1e texte : l’arrêté concernant les horaires et l’organisation de la classe de seconde

Vote final :
POUR 10

UNSA UNSA-Education SNPDEN

Abstention : 7

SE-UNSA PEEP

2e texte : arrêté concernant les horaires et l’organisation du cycle terminal général

Vote final :
POUR 7

UNSA-Education SNPDEN PEEP

Abstention 16

SE-UNSA FCPE

3e texte : arrêté concernant les horaires et l’organisation du cycle terminal technologique

Vote final
Pour : 6

UNSA-Education

Abstention : 9

SE-UNSA PEEP